Le ciel s’obscurcissait déjà alors que Dalaran chuchotait à peine le retour de la mère des couvées. La jeune elfe descendit de son tabouret et sortit, la démarche chancelante de l’Abracadabar. Elle sortit un bouton et une pièce de cuivre de sa bourse qu’elle déposa dans le casque d’un guerrier qui s’était assoupi. La demoiselle tourna à droite et s’enfonça dans les profondeurs des égouts Dalarois. Au détour de l’un des piliers de soutènement de la ville, la belle s’adossa, se laissa glisser le long du pilonne accrochant sa robe au passage qui se releva mi-cuisse laissant découvrir un long tatouage noir de jais aux contours tribales. Ses pieds étaient enfilés dans de longs escarpins rouge cerise qui détonnait dans la grisaille crasseuse des égouts de la ville.
- Est-ce la faute du retour de la mère des couvées si tu sembles si angoissée ? Demanda la voix éraillé. Tu ne crains rien Mortel, elle ignore tout de toi. Murmura le mâle.
- Que crois-tu que je puisses en avoir à foutre ? Cracha l’Elfette de son haleine odorante.
- Excuses moi Chevalier ! J’ai cru comprendre que tes récentes « rencontres » avec la lieuse de vie… t’avais rendu nerveuse à l’annonce du retour de la couveuse. Dois-je te laisser mourir ou puis-je espérer récupérer ce que tu me dois ? Demanda l’homme en capuche qui sortit de l’arrière du pilonne en se murmurant la question comme à lui-même.
Il s’approcha de la femelle et saisit de ses mains puissantes son cou. Il souleva la jeune femme et la redressa, décollant ses pieds du sol. Les muscles de la guerrière se gonflèrent et son cou doubla de volume. Sa poitrine se gonfla et son corps tout entiers semblait se modifier afin de s’adapter à la posture qui aurait tué n’importe quel jeune chevalier non entrainé. Elle souffla au visage de l’homme un mince filet d’air entre ses lèvres et les yeux du mâle se révulsèrent, sa respiration devint haletante et il se mit très vite à suffoquer, relâcha l’étreinte du cou de sa prise.
- Je pourrais t’enseigner la mort en une fraction de seconde, te faire découvrir le monde des naarus de mon simple poing. Veux tu goûter cher ami ? J’aurais bientôt réunis tout ce qu’il te faut. Tout ce que je te dois !
Elle approcha de l’homme et caressa sa joue. Au contact de sa peau, les doigts de la jeune chevalière se teintèrent aux couleurs de cette nouvelle race et l’elfette sentit entrer en elle les codes métamorphes. La vibration traversa son corps et, bientôt, ses tempes se mirent à battre et le sang s’écoula vivement de ses yeux, plus vite que les larmes de ceux de son espèce. Pourtant, ses yeux ne se détachèrent pas de sa cible qui semblait toujours sous l’emprise d’un maléfice qui le maintenait au sol, comme prisonnier de centaines de bras squelettique. La prise se relâchait alors que la capuche qui masqué le visage du mâle s’affaissait sur le sol. Elle laissait sous elle une poussière semblable à de la cendre que la jeune elfette saisit dans sa main, savourant le joli tour de passe-passe de l’homme.
- J’aurais bientôt tout ce que je te dois ! Je sais ou te trouver, ne m’approches plus dorénavant, ceci n’était qu’un avant goût.
La jeune femme se retourna subitement à l’approche de bruit de pas à ses côtés. Le rôdeur n’avait fait aucun bruit jusque ici et l’elfe de sang repris son teint blanchâtre le plus naturel avant de se retourner vivement, se retrouvant face à face avec le visiteur.
- Je ne voudrais pas être celui qui te cherches des noises Karadjin ! L’heure est tardive pour une promenade dans les souterrains de la ville…
- Qu’est ce que tu fais là Sériada ? Je ne t’ai pas sonné. Agressa la nymphette d’une voix plus sifflante qu’un aspics des montagnes.
- Ta Maitresse t’appelle, ou bien oublierais tu que tu es encore sous ses ordres ? Dois-je te rappeler qu’il est fortement déconseillé de partage de trop lourds secrets dans les égouts de cette ville… ? Les murs ont des oreilles, et ceux des égouts peut être même des bouches pour les répéter. Finis le chevalier de sang dans un murmure satanique.
- Je prend note de ta remarque. Pardonnes moi, je crois qu’on m’attend !
La jeune nymphe tourna les talons, le regard dans le vide, sonda les esprits les plus proches à la recherche de trace de sa dernière conversation. Rien. Pas d’oreilles, du moins, pas cette fois mais la belle savait que son officier avait raison. Rien de bon ne sortait de la bouche de cet égout. La mère des couvées était de retour et « l’homme qui ne marchait pas sur ses pieds » n’attendrait guère plus de temps. D’autres problèmes naissait dans les cieux d’Azéroth et le monde semblait plus perdu que jamais. Personne ne semblait se soucier de l’ordre qui menaçait la paix fragile de ce monde et de toutes les légions qui n’attendait qu’une petite fracture dans la réalité du monde pour plonger, tête baissée et détruire tout sur leur passage. La vision était vrai, Karadjin n’en doutait pas… Anithralia non plus. [/size]
Mar 29 Sep - 2:22